Les algues, des ingrédients bénéfiques pour notre flore intestinale ?

Algues flore intestinale

Aujourd’hui, les algues sont bien reconnues dans le domaine de la nutrition pour participer à la lutte contre les maladies liées au syndrome métabolique (obésité, diabète de type 2, hypertension, cholestérol). Et, depuis peu, l’intérêt pour ces ingrédients du monde marin est grandissant autour de notre flore intestinale. En effet, bien que l’impact des algues sur notre transit soit bien connu, celui sur notre microbiote intestinal renferme encore bien des secrets.

 

Un effet prébiotique des fibres algales démontré…

Comme expliqué par Charoensiddhi S. et al.[1], les algues possèdent des polysaccharides et des composés phénoliques qui sont capables de résister à la digestion par les enzymes présentes dans le tractus gastro-intestinal humain, et qui stimulent de manière sélective la croissance de bactéries intestinales bénéfiques ainsi que la production de produits de fermentation tels que les acides gras à chaîne courte. Une dizaine d’études in vitro (fermentation de fécès humain en anaérobie) et in vivo sur animaux se sont intéressées à la capacité de polysaccharides extraits d’algues (alginate, fucoïdane, laminarine, porphyrane, carraghénane, ulvane) à moduler la composition du microbiote et à augmenter la quantité d’acides gras à chaines courtes produites. Ces derniers sont une source d’énergie pour les cellules épithéliales gastro-intestinales. Ils assurent un rôle de protection contre les agents pathogènes, influencent l’immunomodulation et induisent l’apoptose des cellules cancéreuses du côlon.

… Mais des verrous restants à lever.

Bien que ces 1ers essais aient démontré le potentiel prébiotique des fibres algales, de nombreux verrous restent encore à lever :

  • La bioaccessibilité et la biodisponibilité

Comme le relève Shannon E. et al.[2], de nombreux facteurs peuvent réduire la bioaccessibilité et la biodisponibilité des composants des algues. En effet, il s’agit d’interactions antagonistes ou synergiques avec d’autres paramètres physicochimiques de digestibilité tels que la solubilité, la polarité, le poids moléculaire, la matrice alimentaire environnante, l’impact du métabolisme de premier passage ainsi que la variabilité de la composition du microbiote intestinal de chaque individu. Cela peut conduire à l’absence de de certaines familles bactériennes nécessaires au métabolisme des composants des algues.

  • Etudier l’impact d’autres familles de composés d’intérêt

Comme le souligne Cherry P. et al.[3], les études qui se sont intéressées à l’effet prébiotique des algues ont surtout été réalisées sur des extraits purifiés de fibres algales. Cependant, d’autres composants comme les polyphénols, les caroténoïdes et les acides gras polyinsaturés sont métabolisables par des populations du microbiote intestinal. Ils présenteraient donc un intérêt pour de futures études. De même, l’intérêt prébiotique des algues dans leur intégralité n’a été que peu étudié jusqu’à présent.

  • La réalisation d’études cliniques axées sur le microbiote intestinal

Enfin, le dernier verrou soulevé par l’ensemble des auteurs est le manque important d’études cliniques randomisées et contrôlées dans de grandes cohortes humaines, avec des critères d’évaluation mesurables, pour valider tout effet putatif sur la santé observé dans des modèles animaux, des modèles de digestion simulée ou in vitro.

 

Pour aller plus loin :

[1] Charoensiddhi S, Abraham RE, Su P, Zhang W. Seaweed and seaweed-derived metabolites as prebiotics. Adv Food Nutr Res. 2020;91:97-156.

[2] Shannon E, Conlon M, Hayes M. Seaweed Components as Potential Modulators of the Gut Microbiota. Mar Drugs. 2021 Jun 23;19(7):358.

[3] Cherry P, Yadav S, Strain CR, Allsopp PJ, McSorley EM, Ross RP, Stanton C. Prebiotics from Seaweeds: An Ocean of Opportunity? Mar Drugs. 2019 Jun 1;17(6):327.